Les points clés :
• Il est probable que Satoshi Nakamoto soit un pseudonyme pour une ou plusieurs personnes différentes qui ont inventé Bitcoin.
Satoshi Nakamoto est le nom utilisé par le(s) créateur(s) du protocole utilisé dans la cryptomonnaie Bitcoin.
Bien que le nom Satoshi Nakamoto soit presque synonyme de Bitcoin, la personne physique qu’il représente n’a jamais été retrouvée, ce qui a conduit de nombreuses personnes à croire qu’il s’agissait en fait d’un pseudonyme pour une ou plusieurs personnes.
Satoshi Nakamoto n’est peut-être pas une vraie personne ! Le nom pourrait être un pseudonyme pour le ou les créateurs du Bitcoin qui souhaitent rester anonymes.
Satoshi Nakamoto : le contexte
Satoshi Nakamoto est considéré comme le personnage le plus énigmatique de la sphère des cryptomonnaies. À ce jour, il n’est pas clair si le nom fait référence à une seule personne ou à un groupe de personnes. Ce que l’on sait, c’est que Satoshi Nakamoto a publié en 2008 un article qui a donné un coup de fouet au développement des cryptomonnaies.
Ce document, intitulé «Bitcoin : A Peer-to-Peer Electronic Cash System », décrit l’utilisation d’un réseau peer-to-peer comme une solution au problème de la double dépense. Le problème — à savoir qu’une monnaie ou un jeton numérique pourrait être dupliqué lors de transactions multiples — ne se pose pas pour les monnaies physiques puisqu’un billet ou une pièce physique ne peut, de par sa nature, exister qu’à un seul endroit et à un seul moment. Étant donné qu’une monnaie numérique n’existe pas dans l’espace physique, son utilisation dans une transaction ne la retire pas nécessairement de la possession de quelqu’un et donc pourrait techniquement être utilisée plusieurs fois !
C’est un concept important à comprendre, car jusqu’à présent un tiers de confiance (comme une banque ou une plateforme comme PayPal) était nécessaire dans toute transaction à distance pour être sûr qu’une personne possède bien les fonds nécessaires à la transaction.
Grâce à Satoshi Nakamoto et son concept de Blockchain, ce tiers de confiance est supprimé !
Les solutions pour lutter contre le problème de la double dépense ont toujours consisté à faire appel à des intermédiaires, des tiers de confiance qui vérifiaient si une monnaie numérique avait déjà été dépensée par son détenteur.
Toutefois, ce modèle basé sur la confiance entraîne toujours un risque de fraude si le tiers de confiance n’est pas si digne de confiance. La suppression du tiers ne pouvait se faire qu’en intégrant la cryptographie dans les transactions.
M. Nakamoto a proposé une approche décentralisée des transactions, aboutissant finalement à la création de la Blockchain (comprenez « chaîne de blocs » en français).
Dans une Blockchain, les horodatages d’une transaction sont ajoutés à la fin des horodatages précédents sur la base d’une preuve de travail (Proof of Work), créant ainsi un enregistrement qui ne peut être modifié.
Comme l’enregistrement des transactions est réparti sur de nombreux nœuds du système, il est difficile, voire impossible, pour un mauvais acteur d’obtenir un contrôle suffisant du système pour réécrire le registre à son avantage. Les enregistrements de la Blockchain sont conservés en toute sécurité, car la quantité de puissance de calcul nécessaire pour les inverser décourage toute attaque (il faudrait contrôler 51 % ou plus de la puissance de calcul du réseau, ce qui est presque impossible).
L’histoire de Satoshi Nakamoto
Le personnage de Satoshi Nakamoto a été impliqué dans les premiers jours du bitcoin, travaillant sur la première version du logiciel en 2009. La communication avec Nakamoto se faisait par voie électronique, et l’absence de détails personnels et d’antécédents ont rendu impossible la découverte de son identité réelle.
L’implication de Nakamoto dans bitcoin a pris fin en 2010. La dernière correspondance que quelqu’un a eue avec Nakamoto était un e-mail adressé à un autre développeur de bitcoin disant qu’il était « passé à autre chose ».
Les candidats possibles pour le vrai Nakamoto
L’impossibilité de mettre un visage sur le nom a conduit à des spéculations importantes quant à l’identité de Nakamoto, d’autant plus que les cryptomonnaies ont augmenté en nombre, en popularité et en notoriété.
Bien que l’identité de Nakamoto n’ait pas été trouvée, on estime que le nombre de bitcoins en sa possession serait d’environ 1 million. Étant donné que le nombre maximum possible de bitcoins générés est de 21 millions, la participation de Nakamoto, qui représente 5 % du total des bitcoins, est considérable.
Plusieurs personnes ont été présentées comme étant le « vrai » Satoshi Nakamoto, mais aucune n’a été définitivement prouvée comme étant vraiment lui.
Dorian Nakamoto
Dorian Nakamoto est un universitaire et ingénieur californien qui a été désigné comme le créateur de Bitcoin par Leah McGrath Goodman dans un article de Newsweek en mars 2014. Selon l’article de McGrath, « la piste suivie par Newsweek a mené à un homme nippo-américain de 64 ans dont le nom est en réalité Satoshi Nakamoto », mais l’enquête qui a suivi a écarté ce Nakamoto de la course.
Hal Finney
Bitcoin est le produit du mouvement cypherpunk, et l’un des piliers de ce mouvement était Hal Finney qui est mort en 2014. Finney était actif dans la communauté Bitcoin avant et après son lancement, et Finney est la première personne à recevoir des Bitcoins lors d’une transaction. Par coïncidence, il vivait également à quelques rues de Dorian Nakamoto qui, on l’a supposé, aurait pu être l’inspiration d’un pseudonyme inventé par Finney.
Nick Szabo
Comme Finney, Szabo était un des premiers cypherpunk, et était ami avec beaucoup de gens dans ce cercle. En 2005, il a écrit un billet de blog dans lequel il émettait l’hypothèse d’une monnaie numérique appelée « Bitgold » qui ne dépendrait pas de la confiance de tiers.
Craig Wright
L’un des personnages les plus hauts en couleur à être nominé comme la personne derrière Satoshi Nakamoto est Craig Wright, un universitaire et homme d’affaires australien. Deux articles de Wired et Gizmodo ont suggéré que Wright pourrait être la personne derrière Bitcoin, mais des enquêtes ultérieures ont conclu qu’il avait perpétré un canular élaboré. Il continue cependant à prétendre être l’homme derrière la première cryptomonnaie.
Les Bitcoins de Satoshi Nakamoto
L’analyse de la Blockchain Bitcoin a permis de déduire avec un degré de certitude relativement élevé quelles adresses étaient probablement celles de Satoshi Nakamoto.
Selon l’analyse de la chaîne de Sergio Demián Lerner, le scientifique en chef de RSK Labs, Satoshi possède entre 700 000 et 1 million de Bitcoins. Ces adresses remontent aux débuts du Bitcoin en 2009. Au fil des ans, les bitcoins de certaines adresses très anciennes ont été déplacés, ce qui a conduit beaucoup de gens à se demander s’il s’agissait ou non de Satoshi à chaque fois, même si d’autres mineurs étaient actifs. Jusqu’à présent, cette analyse a montré que chacune de ces transactions n’a très probablement pas été effectuée à partir d’adresses de Satoshi et que ses Bitcoins sont toujours en sommeil.
Plus récemment, le 21 mai 2020, un compte twitter qui surveille diverses Blockchains et signale les grosses transactions, appelé @whale_alert a tweeté ceci :
« 40 #BTC (391 055 USD) transféré d’un possible portefeuille appartenant à #Satoshi (dormant depuis 2009) vers un portefeuille inconnu. Les pièces de cette transaction ont été extraites au cours du premier mois d’existence de Bitcoin ».
Cela a immédiatement provoqué une vague sur Twitter. Le responsable du compte Twitetr @Bitcoin a tweeté un sondage demandant si les utilisateurs de Twitter étaient optimistes, neutres ou pessimistes à l’idée que cela pouvait être Satoshi.
Même si les indicateurs de la Blockchain indiquaient que ce n’était pas Satoshi, de nombreux utilisateurs de Twitter semblaient penser que c’était le cas et ont commencé à craindre que Satoshi ne se débarrasse de ses avoirs en Bitcoin.Le prix de Bitcoin a immédiatement chuté de 4 % après la publication de cette nouvelle, ce qui souligne une fois de plus la volatilité de ces marchés et la facilité avec laquelle une nouvelle, même si elle n’est pas prouvée ou fausse, peut faire bouger le marché des cryptomonnaies. Cela a également montré que, même si Bitcoin est décentralisé, sans leader ni point de contrôle unique, la communauté est si obsédée par son/ses créateur(s) que les mouvements de cette personne peuvent avoir un certain niveau de contrôle sur le système…